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Page:Variétés Tome V.djvu/308

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Teneur de l’Arrest donné.

Encores que celles qui nous ont precedé au gouvernement de ceste republique, et nous, à leur imitation, ayons faict plusieurs edicts et ordonnances pour reprimer et corriger le luxe et hautes entreprises de nos servantes, et pour les contenir dans la modestie convenable à leur condition, neantmoins, comme le vice s’accroist de jour en jour, l’outrage et l’audace de telles servantes est montée à tel excès, que l’on recognoist que, non contentes de quelques petits coups fourrez à nostre desceu, leurs desseins sont si pernicieux, qu’ayant obtenu permission, pretendent d’avoir part au logis, pour enfin nous en chasser tout à faict ; et ce qui importe le plus est, outre les incommoditez et troubles que l’on en reçoit, en ce que, mettant la main entre l’escorce et l’arbre, sèment la zizanie, et toute la famille en reçoit un grand prejudice, en ce que les dites servantes, qui sont courreuses et qui ne font pas de grand service en la maison, espuisent de grandes sommes de deniers de la gibecière de leurs maîtres, qu’elles obtiennent par provision, feignant d’estre grosses12, bien que ce soit de quelque coquin à qui elles donnent tous ces deniers, sans en tirer aucun proffict. À quoy desirans pourvoir, après avoir mis ceste affaire en deliberation en nostre conseil, où estoient plusieurs dames, damoiselles, bourgeoises et autres


12. V. l’une des notes précédentes.