Page:Variétés Tome V.djvu/363

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parta. Et arriva qu’après que le nouveau mary eut occupé le giste nouvellement et chaudement laissé, et qu’il eut, comme l’on dit en nostre village, entribardé à double carillon sa dame, par commandement et ruse d’icelle il print un gros baston et long à l’equipolent, et de bois de cormier, ou plustost de cornier, saluant avec ses invectives, et tel fust la mademoiselle expectante : « Comment, taupe diène ! » Et zest ! coups de bastons sur l’escoffion. « Est-ce ainsi que vous pensez d’adouber mon maistre ! Parbleu ! je vous zape ! » Et allons bourrassades en campenie. « Je jure qu’il n’en ira pas de la sorte, rusée masque, chaude chopine, je ne voye jamais mon cul en face, serment des bonnes festes et vie. » Redoublant plus fort, « Je vous accomoderay qu’il vous en souviendra trois jours après la Pentecoste ! » Il avoit beau crier : « Holà ! tout beau, mon amy ! c’est moy, je ne suis pas elle. » Le palefrenier n’avoit non plus d’oreilles qu’un rocher de Casprée, mais tousjours allons sus donne Martine ! L’un estoit Briarée en manière de faire pleuvoir coups de bastons, et l’autre estoit un asne de moulin pour les endurer. Tellement que le meilleur conte que le sieur desguisé pût avoir fut que d’aller trouver sa femme bride abatue, cocu, batu et content5. Je veux conclure par là, in modo et figura, que qui gueriroit tous les cocus depuis orient jusques en occident, et depuis le septentrion jusques au midi, sans y


5. Ce passage nous donneroit encore à penser que La Fontaine connut cette pièce. Il trouva là le titre de son conte : Le cocu battu et content.