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Page:Variétés Tome V.djvu/70

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Des festins les plus somptueux
Pour le premier servoient des œufs10
Avant tous mets, pourveu qu’ils fussent
Fraischement ponduz ou qu’ils n’eussent
Qu’un jour au plus ; ils estimoient
Tant ces œufs frais, qu’ils les nommoient
Le laict de poulle, et acheptèrent
Toutes les poulles qu’ils trouvèrent
Œuver sans cesser, les gardant
Avec soing de tout accident,
Comme chose très necessaire
Et à la santé salutaire.
En Macedoine il se trouva
Qu’une poule en un jour œuva
Deux fois neuf œufs, qui tous portèrent
Deux petits poussins, quy donnèrent
Aux augures à deviner.
Mais où me vay-je pourmener ?
Veux-je de l’œuf faire un volume ?
N’arresterai-je point ma plume,
Quy se perdra dans les escrits,
Voulant de l’œuf dire le prix ?
L’œuf sert à tout : des Spitamées
Les maisons n’estoient point fermées
Qu’avecque des coquilles d’œufs
Et des plumes aux entre-deux ;
Ils avoient coustume de faire
Avec chaux vive et de la claire



10. On commençoit par les œufs, et l’on finissoit par les fruits, comme chez nous. De là le proverbe : Ab ovo... usque ad mala, depuis le commencement jusqu’à la fin.