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Page:Variétés Tome VII.djvu/232

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Recherche les saints lieux, reclame les reliques,
Couvre de pieté ses humeurs tyranniques.
Demons, souffrirez-vous que ce faux Capelan
Puisse vivre en repos, qui commande en tyran ?
Que ce fameux ingrat, cet infame corsaire,
Loge dedans les cieux son ame sanguinaire ?
Non, je n’estime pas que ce soit son dessein ;
Vous êtes ses tuteurs, il suit votre destin.
Tous les deguisemens sont de votre fabrique ;
Il sçait tous les secrets de votre politique,
Embrasse vos conseils, se régit par vos loix,
Et brouille comme vous l’etat des plus grands roys.
Sous luy les plus vaillans conduisent les armées,
La France a pris le nom des Isles fortunées.
Un moine, un renégat, l’un blanc et l’autre gris3,
Servent insolemment ce cruel Phalaris ;
Le plus gros des voleurs dispose des finances,
Et le plus corrompu tient en main la balance.
Enfin la cruauté, la rage et le depit
Ont mis sous ce bon chef les bourreaux en credit ;
Mais toutes les vertus de cette ame bien née,
Ne se pouvant asseoir, s’en iront en fumée.
Les rares qualitez de ce grand favory
S’etoufferont bientôt, s’il a le cul pourry4.
Chirurgiens affronteurs, dont la vaine science
A trompé ce puissant ministre de la France,



3. Je n’ai pas besoin de faire remarquer qu’il s’agit ici du P. Joseph, l’éminence grise.

4. « Le cardinal estoit sujet aux hemorroïdes, dit Tallemant, et Juif l’avoit une fois charcuté à bon escient. » (Edit. in-12, t. 2, p. 229.) C’est de Jean-Jacques Juif que Tallemant parle