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Page:Variétés Tome VII.djvu/319

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Pour cest effect supplient Sa Majesté, avec toute l’humble reverence, respect et humilité qu’ils doyvent, que son bon plaisir soit de se ramentevoir avec quelle fidelité et devotion la noblesse de Picardie et citoyens de Peronne luy ont conservé et à ses predecesseurs icelle ville qui est frontière, tant contre les sieges et entreprinses des ennemis estrangers, que des embuches et conspirations domestiques.

Tellement que pour marque et recognoissance de cette ancienne et incorruptible fidelité, les feus roys et Sa Majesté à present regnant ont honoré les habitans de plusieurs grands et speciaux pri-


server le gouvernement que l’édit de pacification faisoit passer au prince de Condé. « Il fit si bien, dit Maimbourg, p. 26, par le grand crédit qu’il s’étoit acquis dans toute la province, que, comme d’ailleurs les Picards ont toujours été fort zelez pour l’ancienne religion, il obligea presque toutes les villes et la noblesse de Picardie à declarer hautement qu’on ne vouloit point du prince de Condé, parceque, disoit-on dans le manifeste que l’on publia pour justifier ce refus, on sçavoit de toute certitude que ce prince avoit résolu d’abolir la foy catholique et d’établir universellement le calvinisme dans la Picardie. En effet, on ne voulut jamais le recevoir ni dans Péronne, ni dans le reste du gouvernement ; et pour se maintenir contre tous ceux qui voudroient entreprendre de faire observer par force cet article de paix, qu’on ne vouloit pas accepter, les Picards furent les premiers à recevoir d’un commun accord et à publier dans Péronne le traité de la Ligue en douze articles, où les plus sages mesme d’entre les catholiques, après l’illustre Christophe de Thou, remarquèrent beaucoup de choses qui choquoient directement les plus saintes loix divines et humaines. »