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Page:Varley - Une jeune fille à la page, 1938.djvu/116

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Je ris ; il rit avec moi. Nous parlons de choses et d’autres ; de Paris, de l’Amérique, de la France qu’il adore. Nous nous présentons, il s’appelle Roy Wright. Nous nous isolons de la foule ; je me sens en confiance avec lui, désarmée, alors que toujours vis-à-vis des hommes, je me sens ennemie, très tendre ennemie… Et puis je ne sais pourquoi, je lui raconte toute ma vie.

Il y a ainsi une heure où l’on doit se confier, sortir de soi-même, déposer le fardeau des jours que l’on a vécus… Il m’écoute avec ses grands yeux compréhensifs posés sur les miens ; puis, il serre mes mains.

— Il ne faut pas être triste, petite fille ; vous avez vécu comme nous vivons, nous autres hommes, comme il est bon que nous vivions ; vous avez fait le tour de la vie et vous y avez pris cette indulgence, cette connaissance de l’humain qui est plus précieuse que tout…

— Et après ? dis-je, malgré moi… Est-ce que ça, ça continue toute la vie ?…

— Après ?… Eh bien ! vous vous marierez et vous rendrez un homme très heureux ; vous serez une amante parfaite, une vraie femme et peut-être, s’il est digne de vous, ne le tromperez-vous jamais et ajouterez-vous à votre existence une chose que vous n’y avez pas apportée encore : la tendresse.

— L’homme que j’épouserai, où est-il ?…

— Peut-être tout près de vous. J’ai rêvé toute ma vie d’une rencontre comme celle-ci, une femme ardente, fervente, brûlée par la vie et déjà lasse… à qui je donnerai un refuge contre elle-même. Une femme sincère, droite… Voulez-vous m’épouser ?