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Page:Varley - Une jeune fille à la page, 1938.djvu/119

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— J’espère bien que vous n’avez pas trouvé Florence trop mal élevée, ni trop libre ? En tout cas, je me charge moi-même de la surveiller maintenant.

Et le pire est qu’elle fait comme elle dit. Nous arrivons à peine à nous voir seuls, Roy et moi. Heureusement le mariage a lieu au château de Valfosse.

Enfin, nous y voilà ! Ce que c’est compliqué un mariage, tout de même. Où ont-ils été chercher cela, ces gens-là. Toutes ces complications, toutes ces permissions, tous ces usages pour pouvoir être couchés dans le même lit sans qu’on vous blâme. Tous ces papiers qu’il faut aller chercher dans des mairies, avec votre date de naissance, les papiers timbrés, les stations au greffe…

Et la robe ! Pour le moment, c’est le coup de la robe. La maison de mode plutôt chic, celle où papa fait habiller ses nouvelles maîtresses, puisque maman, depuis vingt ans, ne s’habille plus.

La maison de mode m’a déléguée une de ses premières. Ma robe de mariée me va comme un gant, paraît-il. J’aimerais mieux qu’elle m’aille tout bonnement comme une robe, mais il paraît qu’elle me va de cette manière aussi.

La jeune gourde qui me l’essaie, bien gentille d’ailleurs, bien rimellisée, du genre petite fleur poussée entre les pavés de Paris, en est toute émue.

Elle me fait quelques compliments, ceux qu’on a dû l’habituer à faire à la maison mère, rue Royale, ceux qu’on porte en ville. Elle soupire, elle, pour son compte. J’apprends entre deux épingles qui me piquent les omoplates : « Oh ! pardon ! » j’apprends qu’elle a un amant jeune de l’espèce de ceux qui ne se marient pas avec les femmes qu’ils séduisent.