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Page:Varley - Une jeune fille à la page, 1938.djvu/120

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Ah ! elle aimerait bien aussi en porter une de robe comme la mienne !

Je la congédie, un peu brutale, l’envoyant se faire séduire ailleurs. À ce moment, papa entre :

— C’est la dernière fois que nous restons tous les deux avant ton mariage. Je pense qu’un père, à cette occasion, doit dire quelque chose à sa fille… mais je me demande quoi ?… Les conseils : c’est à la mère de les donner… heureusement !… parce que… expliquer ça… ça doit être difficile… et moi je suis plus fort en gymnastique qu’en thème. Je veux te dire d’être très heureuse… et d’être indulgente aussi… Vois-tu, les hommes sont quelquefois infidèles, mais ça ne les empêche pas d’être de braves types !…

Il a chaud, le pauvre, je crois qu’il aimerait mieux encore avoir une engueulade avec maman.

Machinalement, pour l’aider, comme à un enterrement où l’on s’ennuie, je siffle un couplet du père Dupanloup : « père Dupanloup dans son cercueil… » Papa n’a pas beaucoup d’oreille et moi je ne siffle pas trop juste ; ça fait qu’il ne comprend pas tout de suite. Il sourit enfin, puis s’esquive.

Je me regarde dans la glace. Décidément ma robe me va. Encore quelques petits essais supplémentaires… comme en tête de ligne le mécanicien qui tâte le pouls à sa locomotive.

Je cambre la croupe ; ça fait bien rond ; j’écarte les jambes ; bon, il y a une belle fente ; je me tâte les seins ; parfait, ça ne se décroche pas.

Décidément elle me va et moi aussi je lui vais. Ça va tellement bien que je regrette un peu d’avoir été si rosse avec la