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Page:Varley - Une jeune fille à la page, 1938.djvu/125

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pour avoir du plaisir par l’oreille. Et s’il veut te mettre un godemiché, prépare toi-même le lait chaud. S’il veut que tu dises que tu t’oublies dans la bouche de ta mère pendant qu’il te rend hommage à la sodomite, dis-le lui. Ta mère te pardonnera et quand même elle ne te pardonnerait pas, ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine.

Je dis, oui ! oui !… Au fond, c’est moral.

C’est une autre morale que l’ordinaire, mais c’en est une, une morale qui peut avoir cours après tout.

Elle sort en riant.

Cinq minutes plus tard, Roy, mon futur mari, entre en mangeant un énorme sandwich qu’il dévore à belles dents.

— J’ai faim ! pas vous ?… Ça me donne faim de savoir qu’on va se marier !…

Justement, je suis en train de chercher sur le tapis, une petite épingle perdue dans la lutte. Je suis agenouillée, un peu mal à l’aise dans ma longue robe blanche ; la croupe plus haut que la tête, cambrée plus que je ne voudrais ; je veux me relever, mais sa main libre me retient à terre, l’autre tient le sandwich.

— Oh ! fait-il, avec son accent yankee, rappelez-moi donc s’il vous plaît (il croque un bout de rosbif) comment vous dites en français pour les boules sur lesquelles les petites enfants apprennent la géographie ! Mappemonde ! je pense, n’est-ce pas ?… Oh ! faites voir votre belle mappemonde !…

Il touche, en hochant la tête d’un air bien convaincu :

— Belle !… belle mappemonde !…