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Page:Vasse - L'art de corriger et de rendre les hommes constants, 1783.pdf/14

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nouveaux transports, j’étois une femme adorable, & rien ne manquoit à son bonheur. Mais sa jalousie ne se bornait pas aux hommes ; les femmes réveilloient ses soupçons inquiets. Il devint triste, rêveur, ses soupirs annonçoient un violent chagrin, sa santé même parut en souffrir ; à force de m’informer du sujet de ses peines, il m’apprit enfin que sa passion ne lui permettant plus de se taire, il seroit forcé de renoncer au plaisir de me voir aussi long-temps que je recevrois deux femmes, avec lesquelles j’étois liée depuis l’enfance.

— Ah ! mon ami, m’écriai-je, je n’hésiterai jamais entre ces femmes & vous ; je sacrifierois tout mon sexe à votre tranquillité : exigez mon cher Comte, il n’y a rien que je ne fasse pour conserver des sentimens qui font mon bonheur…

— Qu’avez-vous fait, lui dit Eudoxie