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Page:Vaucaire - Parcs et Boudoirs.djvu/139

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SIAO-MAN, à part.

Comment se trouve-t-il entre ses mains ?

FAN-SOU.

Ne m’avez-vous pas dit : « petite misérable, sais-tu bien où tu demeures ? N’es-tu pas dans le palais d’un ministre d’État ? » — Et qui êtes-vous, Mademoiselle ? Vous êtes une honnête jeune fille. Oserais-je vous séduire par des propos indiscrets ? Quand Madame, si sévère, aura vu cette servante qui déshonore sa maison, c’en est fait d’elle ! Permettez-moi de vous quitter promptement. Je vais aller trouver madame, afin qu’elle me châtie, comme je le mérite.

SIAO-MAN.

Fan-Sou, je veux raisonner avec toi.

FAN-SOU.

Vous m’avez objecté que feu votre père a gouverné sa maison avec tant de fermeté que les domestiques et les suivantes n’osaient faire une démarche contraire aux rites. Vous mettez en oubli, ces belles instructions reçues dans l’enfance ; vous ne cultivez même pas les vertus de votre sexe ; vous désobéissez à cette tendre mère, vous promettez votre cœur à un jeune homme et lui donnez un gage de tendresse. Vous êtes triste et vous prétendez être atteinte de cette lassitude qu’occasionne l’arrivée du printemps. Voilà le larcin découvert. C’est à vous de demander pardon, loin de là, rejetant ces fautes sur moi, vous m’accablez de reproches. Est-ce ainsi qu’on traite les gens ? Je ne vous fais qu’une seule question. Quelle était votre pensée en envoyant ces oiseaux qui emmêlent leurs plumages ? Il faut convenir qu’ils sont brodés avec art. (Elle se met à courir). Je vais les montrer à Madame…

SIAO-MAN, l’arrêtant.

Tout-à-l’heure, je plaisantais avec toi.

FAN-SOU.

Pourquoi agir ainsi ? Est-ce bien vous qui me suppliez de vous accorder du répit ?