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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/101

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LES DEMI-SEXES

turellement élégant, et que beaucoup de ses amies l’avaient trouvé séduisant. À moitié caché derrière elle, il était encore le point de mire de vingt lorgnettes féminines. Nina souriait à quelques femmes qu’elle devait retrouver à la sortie : Rose Mignot, blanche et frêle avec un air de vierge indolente ; la comtesse Delys dont les cheveux courts et le monocle soulignaient un costume presque masculin ; Delphine de Belvau, toujours languissante, fatiguée par de stériles secousses, et qui, dans la pénombre d’une loge, cherchait dans sa poche la seringue Pravaz indispensable ; Marguerite d’Ambre, éclatante de jeunesse et de fraîcheur, une nouvelle recrue à peine divorcée.

Le dernier acte commençait, et la main de Camille, de nouveau, s’était abattue sur la main du jeune homme qu’elle serrait avec l’ascendant du plaisir qu’elle avait conscience de verser. En proie aux mille frissonnements que cette étreinte dardait à son corps tout entier, il craignait cependant de trahir ce qu’il éprouvait par le tremblement de sa voix et l’altération de son visage. Jamais il n’avait ressenti une émotion comparable.

La pièce était finie. Les spectateurs, à la hâte, se couvraient de leurs manteaux de four-