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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/111

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LES DEMI-SEXES

parisiennes et singulières. De moment en moment un mot risqué, sorti de l’atelier ou du bureau de journal, se faisait jour dans leur langage. Leur toilette aussi avait cette note inédite, capricieuse et fantaisiste qu’on ne trouve qu’à Paris.

Julien ne comprenait rien à la nouvelle attitude de la jeune fille. Depuis la soirée de l’Opéra il ne dormait plus. Camille était dans son cerveau et dans son cœur. Elle avait allumé l’enfer dans ses veines, puis, s’était éloignée comme l’incendiaire qui ne retourne pas même la tête pour voir l’apothéose qu’il a déchaînée.

Chez lui, dans sa modeste chambre d’étudiant, il restait à l’affût des journées entières, car elle lui avait dit qu’elle viendrait ; et il croyait toujours entendre, le long du corridor, le bruissement léger de sa robe. Il rentrait vite pour l’attendre, et restait à rêver de sa beauté blonde. Après des essais de travail ou de lecture, il se démenait, comme un lionceau qui sent la chair fraîche, dans ses six pieds carrés de chambre, et il l’adorait d’autant plus qu’elle se faisait plus désirer. Il était à présent si violemment exaspéré qu’il finissait par ne plus craindre de la compromettre en la regardant, en lui appuyant sur ses impénétrables