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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/112

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LES DEMI-SEXES

yeux bleus la menace désolée et enflammée des siens. Était-ce un manège que sa conduite ? Était-ce une coquetterie ?… Éperdument il attendait un mot, un signe, un rien risqué à voix basse, devant tous ces indifférents, qui ne semblaient même pas le voir.

— Prends garde, souffla Nina, en croisant Camille.

— Pourquoi donc ?…

— Julien est exaspéré ; il va faire quelque sottise.

— C’est vrai… je l’avais oublié !

— Dis-lui une bonne parole… Il lui faudra peu de chose, à ce petit, pour patienter jusqu’à demain.

— Demain, je n’ai pas le temps.

— Quand tu voudras, enfin.

La jeune fille haussa les épaules avec ennui.

— Je croyais m’intéresser à lui… et, ce soir, ce n’est plus cela.

— Lui ou un autre…

— Oui, je n’ai pas de préférence… Tous les hommes se ressemblent ; on a vite fait le tour de leur égoïsme et de leur vanité… As-tu vu Philippe ?…

— Pas encore… Il te plaît donc ?…

— Comment peux-tu croire ?… Je le hais !