Aller au contenu

Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
LES DEMI-SEXES

releva les yeux, quitta son livre, croyant à une visite d’ami ; puis, il porta la main à sa poitrine, tant l’émotion fut forte. Camille était sur le seuil, calme et résolue, malgré la pâleur qui couvrait son visage.

La vision la plus surnaturelle n’eût pas, à ce moment, donné à Julien le tressaillement nerveux, l’espèce de palpitation presque douloureuse qu’il ressentit quand il vit la jeune fille venir à lui.

Elle réprima, par un geste énergique, le cri de bonheur qui allait lui échapper, et elle écouta un moment, l’oreille contre la porte, si aucun pas ne l’avait suivie jusque-là. Alors, le regardant de ses impénétrables yeux bleus, elle le prit dans ses bras et chercha ses lèvres. Agrafé dans ce baiser de feu qui le pénétrait, grisé par l’haleine qu’il respirait éperdument, il la porta jusqu’à son lit, ne sachant plus ce qu’il faisait.

Au sein de ce bonheur qu’elle était venue chercher et offrir, elle demeurait silencieuse, et lui, maintenant, agenouillé devant elle, lui adressait tous ces « pourquoi » insatiables de l’amour. Mais, elle ne répondait pas ; sa bouche ardente demeurait muette de tout, excepté de baisers.