Aller au contenu

Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
121
LES DEMI-SEXES

— Eh bien, que voulez-vous que je fasse ?… Je suis en votre pouvoir, je n’ai plus de volonté.

Il se rapprocha, les mains tremblantes.

— Camille… Camille !…

Elle eut un sursaut de dégoût. Il reprit d’une voix basse :

— Je ne parlerai pas, je vous le jure… Laissez-moi simplement vous aimer et vous le dire. Ma passion s’est augmentée de tous les supplices que vous m’avez fait subir… Oui, je sais, les amants ont des angoisses desquelles il ne leur est point permis de parler aux femmes qui vivent dans une espèce d’inconscience cruelle… Optimistes par égoïsme, injustes par habitude, elles s’exemptent de réfléchir au nom de leurs jouissances et s’absolvent de leurs fautes par l’entraînement du plaisir. Si l’amour doit plaider sa cause par de grands sacrifices, il doit aussi les couvrir adroitement d’un voile, les ensevelir dans le silence… Vous n’aurez pas à vous repentir d’avoir été bonne… Je serai votre esclave, vous verrez !

Il la serrait contre lui, cherchait ses lèvres.

Mais, elle lui montra son aïeule endormie.

— Oui, murmura-t-il… alors, chez vous, dans votre chambre…