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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/145

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LES DEMI-SEXES

sa robe, ses fleurs, sa voiture étaient tout pour elle et, qu’en dehors de sa royauté, rien n’existait plus.

Il se plaisait, maintenant, à attaquer son idole, à la renier, à l’insulter. La réflexion, tout à coup, déchirait les voiles de sa tendresse : Camille n’était que fausseté ; jamais rien de bon n’avait germé en son cœur ; ses paroles douces n’étaient pas l’expression de la bonté, sa prétentieuse exagération pour certaines choses incompréhensibles n’était que du snobisme. Il y voyait clair à présent ; il avait dépouillé sa personnalité cachée de la mince écorce qui suffit au monde, et il n’était plus dupe de ses grimaces !… Quand un niais la complimentait, la vantait, elle souriait, et il avait honte pour elle… Ah ! grand fou qui avait espéré fondre ses glaces sous les ailes d’un amour de poète !… Il l’avait aimée en homme, en amant, en artiste, quand il aurait fallu, sans doute, la dédaigner pour lui plaire !… Un fat prétentieux, un égoïste ou un vil calculateur en auraient triomphé plus aisément… Vaine, artificieuse, hypocrite, elle eût certainement entendu le langage de la vanité, de l’intrigue, de la flatterie, se serait laissé entortiller dans les filets dorés du mensonge…