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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/153

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LES DEMI-SEXES

Camille lui tendait les bras, s’abandonnait, et il la prenait, l’emportait dans le lit comme une enfant.

Lorsqu’elle était lasse de ses caresses, il la regardait, restait en contemplation : ses cheveux fins, nuageux, avaient dans la lumière des lampes le rayonnement d’une poussière dans un clair de lune ; son visage s’alanguissait dans la blancheur de l’oreiller, et l’on n’y voyait plus que les longues paupières sombres abaissées sur l’extase du rêve.

Et, dans ces douceurs et ces chatouillements, dans ce bien-être, il laissait le temps aller comme une onde entre des mains ouvertes, ne souhaitant rien de plus. Les heures poussaient les heures, le souvenir succédait à l’espoir, et dans l’instant de la chère présence tout le reste s’abolissait. Nulle amertume, nulle crainte, nul souci, nul doute, nulle menace !… il croyait en sa maîtresse comme il croyait en Dieu !

Et, au sortir de ces étreintes, Camille allait retrouver Philippe.