— Pour le moment ?… interrogea Camille avec anxiété.
— Il est certain que je vous aime trop pour me résoudre à vous perdre, et que si jamais vous tentiez de m’échapper…
Elle essaya de rire.
— Vous voulez m’effrayer, je suppose ?… Un galant homme ne trahit jamais une femme, surtout quand cette femme s’est confiée à lui… D’ailleurs, je n’aurai pas à vous quitter, mon ami ; vous vous lasserez de moi comme les hommes se lassent, après la possession… Je n’aurai qu’à laisser faire le temps…
— Vous êtes de celles dont on ne se lasse pas.
— Merci pour cette galanterie. Elle est un peu banale ; mais, quand on a passé la nuit à faire de l’esprit, il ne faut pas se montrer trop difficile quand le jour est venu.
— Est-ce que nous parlons ?…
— Oui.
— Vous me permettez de vous reconduire chez vous ?…
— Il le faut bien.
Nina lui mit sur les épaules son long manteau de velours gris doublé d’hermine, et, après l’avoir embrassée, lui glissa à l’oreille :