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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/167

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LES DEMI-SEXES

Tous les jolis visages avaient encore pâli, les yeux s’embuaient d’une vague expression de détresse… Non, ce n’était pas un homme folâtre, ce convive de hasard !… Ses traits et son maintien ne manquaient certes pas de cette distinction convenue qui fait tolérer les gens, sa parole n’était pas fastidieuse ; mais aucune sympathie n’émanait de sa personne qui demeurait inquiétante, même dans le contentement.

Camille le haïssait de plus en plus, et, cependant, il pesait sur elle par une sorte de magnétisme occulte qu’elle ne pouvait éviter. Il captivait son attention par une bizarrerie spéciale. Sa causerie, sans être hors ligne par la valeur intrinsèque des idées, tenait en éveil par un sous-entendu très vague que ses préoccupations secrètes semblaient y glisser involontairement. Au fond, elle ne savait s’il lui souhaitait du bien ou du mal, tant son affection ressemblait, parfois, à l’inimitié. Sans doute, il la méprisait, et ce mépris, en même temps, devait être un stimulant pour son imagination blasée.

— Oui, reprit-il, après un moment de silence, je ne dirai rien… Vous n’avez rien à craindre de moi.