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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/190

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LES DEMI-SEXES

s’échangeaient dans tous les salons. Georges était le triomphateur du moment.

La jeune fille écoutait d’une oreille distraite, indifférente aux éloges et aux blâmes. Que lui importaient le renom et le talent de cet artiste inconnu pour elle et que, sans doute, elle n’inviterait plus !…

Quand il parut, elle fut surprise. De taille plutôt grande, portant la barbe blonde, fine, coupée sans prétention, il regardait bien en face avec des yeux bruns, larges, profonds et un peu durs. Il était mince avec des épaules puissantes et des mains de race. Tout en lui respirait la force et la volonté. Sa réserve hautaine imposait ; il vivait dans un cercle étroit, dédaignant la galanterie élégante et les grands salons en vue où d’autres auraient brillé. Il ne voulait aller que dans les intérieurs où on appréciait sûrement ses qualités sérieuses et voilées ; et, s’il avait consenti à se laisser conduire chez madame de Luzac, c’est que Tissier, son seul parent à Paris, était le familier de la maison.

Il s’assit, après avoir présenté ses hommages à la baronne, immobile en son fauteuil, et répondu quelques mots aux phrases banales que lui adressa Camille. C’est à peine s’il avait