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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/191

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LES DEMI-SEXES

paru remarquer sa beauté, et, cependant, elle était bien étrangement séduisante avec son teint décoloré, ses yeux clairs et la meurtrissure sombre de ses paupières. Par un étrange caprice, elle avait voulu s’habiller de fleurs, et son corsage n’était qu’une gaine de violettes de Parme que quelques roses-thé arrêtaient aux épaules, laissant les bras entièrement nus. Le parfum de toutes ces corolles lui montait au cerveau en une douloureuse ivresse, elle se sentait pâlir davantage, s’abandonnait à l’inquiétante extase.

Philippe, tour à tour, examinait sa maîtresse et le nouveau venu. À qui donc était destinée cette toilette singulière ?… À lui, l’amant, au visiteur inconnu ou à Nina Saurel ?…

La porte s’ouvrit et on annonça la jeune femme.

Mademoiselle de Luzac eut un élan vers elle ; et, tout en veillant à ses fleurs fragiles, elle l’embrassa, les lèvres entr’ouvertes, avec une petite moue de volupté. Ce fut un exquis, un désirable baiser, donné et rendu ardemment par les deux bouches.

Philippe, pour la première fois, tressaillit de jalousie.

Jamais elle ne l’avait embrassé ainsi. « Ah !