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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/195

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LES DEMI-SEXES

— Allons donc, dit Philippe amèrement, en se rapprochant ; jamais Camille n’a regardé un homme comme elle vient de regarder ce sculpteur !… Pourtant, il n’a guère admiré sa robe et elle est le seul de ses bibelots qu’il ait dédaigné… N’est-ce pas humiliant de la part d’un monsieur qui paraît si sensible à toutes les manifestations de la beauté ?…

— Oh ! murmura la jeune fille, peut-être M. Darvy m’a-t-il trouvée laide… Que voulez-vous que cela me fasse ?…

— Cela vous fait assurément beaucoup, car vous tenez à l’opinion de cet artiste.

— Vous êtes fou !… Je ne tiens pas plus à la sienne qu’à la vôtre… Tout m’est indifférent ! Vous le savez mieux que personne.

— Vous viendrez demain chez moi, n’est-ce pas, Camille ?

Elle eut une contraction des lèvres, blêmit encore.

— Je suis souffrante, vous voyez…

— J’ai à vous parler… Je désire vous voir…

On s’approchait d’eux, et elle promit, pour ne pas attirer l’attention, pour se délivrer des sollicitations de cet homme, qu’elle ne pouvait fuir.