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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/194

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LES DEMI-SEXES

lasse pas de mes recherches qui suffisent à remplir mon existence.

Il cessa de parler et la conversation languit pendant le reste du dîner. Philippe était nerveux, hostile à tout le monde ; les autres mangeaient distraitement regardant en dessous, par moments, la jeune fille qui, concentrée et préoccupée, paraissait être en un tout autre endroit que chez elle. Inattentive, aimable pour répondre, puis, figée tout de suite, elle devait songer à quelque chose qui l’intéressait plus que ses convives et que leurs lieux communs. Au dessert, cependant, on se querella sur des questions politiques et tous les mécontentements se fondirent en un concert discordant. Puis, on se leva de table au milieu d’une grande agitation qui tomba, soudain, dans la fraîcheur des salons. La conversation redevint générale et languissante, étouffée par les idées qui avaient voltigé sans oser se fixer.

Tissier emmena Georges Darvy de bonne heure, et Nina eut un soupir de soulagement dès qu’ils furent partis.

— Qu’en dis-tu, Camille ?…

— Rien, répondit la jeune fille d’un air las.

— Pour un raseur, c’est un joli raseur !