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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/198

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LES DEMI-SEXES

pas l’étoffe d’une femme libre ; je n’étais pas digne d’entrer dans la corporation.

— Puisque tu y es entrée tout de même !…

— Je puis en sortir.

— Dame, après la petite opération de Richard, il te manquera toujours quelque chose !…

— On l’ignore et je veux l’ignorer désormais.

— Ce sera difficile.

Camille eut un mouvement de colère.

— Si je te disais que j’ai voulu mourir, tu ne le croirais pas ; et, cependant, c’est la vérité : la mort me paraîtrait douce à côté de l’existence que je mène !

— Tu es jeune, tu es riche ; les hommes te supplient et t’adorent !… N’est-ce donc pas un grand bonheur ?… Ils ont beau être méfiants, prévenus contre l’appât de ta coquetterie, I heure de la capitulation arrive toujours… Tu n’es plus celle qui se laisse séduire niaisement mais celle qui choisit et qui prend. Tu vois chez tous la supplication mendiante de la tendresse qui défaille ; tu sais faire naître, avec une adresse féline et une curiosité inépuisable, le mal secret et torturant dans les yeux de tous ceux que tu veux séduire ; tu ne crains