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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/199

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LES DEMI-SEXES

rien et tu méprises les plus redoutables !… Si tu savais comme cela m’amuse de sentir tous ces beaux messieurs envahis, conquis, dominés par ma puissance invincible ; de devenir pour eux l’unique idole capricieuse et souveraine !… Vraiment, c’est un jeu facile dans notre situation… Et puis, est-ce que nous n’avons pas toutes cet instinct secret qui pousse en nous doucement et se développe : l’instinct de la guerre et de la conquête ?… Seulement, nous sommes désarmées par la nature et le mâle brutal a sur nous le droit du plus fort… N’est-ce donc rien, ma chérie, de pouvoir traiter, enfin, d’égal à égal et d’en avoir fini avec toutes les misères de notre sexe ?…

— Je ne sais plus.

— Ah ! le plaisir de ployer les volontés, de tenailler les résistances et de faire souffrir aussi !… Je suis née méchante ; j’aime à poursuivre et à dompter des êtres humains, comme le chasseur poursuit des bêtes, rien que pour les voir tomber ! Mon âme est violente et point avide d’émotions comme celle des femmes tendres et sentimentales. Je dédaigne l’amour unique d’un homme et la satisfaction dans une passion. Je veux l’admiration de tous,