Aller au contenu

Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
LES DEMI-SEXES

dis-je, ces mannequins suffisants et vides qui ne désirent de nous que notre corps pour la satisfaction de leurs vices !… Moi, je ne veux d’eux que la satisfaction des miens, et je leur rends dédain pour dédain, injure pour injure, satiété pour satiété, quand j’ai pris d’eux tout ce qu’ils pouvaient offrir !

Camille secoua la tête.

— Ce que tu dis est vrai, sans doute… mais je m’ennuie ! car, la débauche n’emplit ni le cœur, ni l’esprit… Et que puis-je faire, à présent, fille sans espérance, femme sans mari, amante sans amour ?… À quoi servira ma vie ?… Je sens que j’aurais aimé un enfant.

— Un enfant !… Un enfant qui t’aurait déformée, vieillie avant l’âge !… un enfant sournois, cruel, égoïste comme un vrai petit homme !… Un enfant qui aurait pris ton temps, ta santé, ta jeunesse pour t’abandonner plus tard, malade et désillusionnée, et qui jamais n’aurait eu un sentiment de reconnaissance sincère ni de pitié !… Vois-tu, je ne me révolte pas seulement contre l’humanité, mais contre la nature qui nous a donné toutes les souffrances, toutes les peines, tous les châtiments, sans nulle compensation, sans nulle joie réelle… Ah ! le monde peut bien