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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/201

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LES DEMI-SEXES

m’incliner devant un homme !… À quoi m’a servi cette fameuse liberté dont tu es si fière ?…

— Il faut toujours s’incliner devant quelqu’un ou quelque chose ; la liberté n’est jamais que relative : au-dessus de toutes les créatures, il y a la puissance, l’argent, l’inconnu… On peut, seulement, ne pas s’humilier par plaisir… Malheureusement, tu as une âme de poète, et je prévois quelque mystère sous cette grande désillusion dont tu m’entretiens depuis quelque temps.

Camille rougit.

— Tu reçois trop d’artistes, poursuivit Nina ; ton esprit travaille et tu pressens chez eux des raffinements, des nuances, des délicatesses plus aiguës ; ils éveillent en toi le rêve intermittent et démodé des grandes amours et des longues liaisons.

— Que veux-tu, je ne possède pas encore tes yeux de sceptique moderne qui déshabillent en quelques heures les plus grands hommes de leur prestige !

— Ah ! ils sont, pourtant, aussi ridicules que les autres, nos grands hommes, quand ils abandonnent, dans le désarroi de leurs instincts, leurs poses de représentation et leurs habitudes de parade. Ils sont tous pareils, te