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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/211

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LES DEMI-SEXES

yeux. Il travaillait avec une sérénité parfaite, sans se demander ce que cette visite de la jeune fille pouvait avoir de flatteur pour son amour-propre.

Georges Darvy se montrait satisfait des cent et quelques mille francs qu’il avait gagnés et placés sagement. Rassuré pour l’avenir, il ne s’était plus guère consacré qu’à son art, gardant simplement une clientèle d’amis qui le payaient peu. Quand l’un d’eux se montrait moins oublieux, il était presque tenté de re fuser une telle munificence. Mais, ses groupes exquis, reproduits de mille manières, se vendaient bien. Sans intrigues, sans humiliations, presque sans luttes, il était arrivé à la célébrité, ce qui peut être considéré, de nos jours, comme un cas exceptionnel.

Et rien n’existait pour lui, en dehors de son labeur et du culte attendri qu’il avait pour la Beauté. C’était une nature délicate et sensitive, mais emprisonnée dans son rêve. Il passait au travers de la vie, de l’amour, de la société des hommes et des femmes, sans rien voir que ce qu’on lui montrait, et il pensait que tout était sage, ici-bas, créé pour le bonheur de tous. Les aurores étaient faites pour bercer les réveils de douces clartés, les jours pour mûrir