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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/226

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LES DEMI-SEXES

jeunesse laborieuse, de cet amour du beau, de cette admiration pour les vrais artistes, elle commençait à se créer une de ces idoles auxquelles les femmes se vouent et qui les écrasent sous leurs débris quand la réalité les fait crouler avec un souffle !

Elle eût ri d’un mot tendre, eût répondu à un regard audacieux, eût haussé les épaules devant une attaque ; mais, ici, tout lui semblait étrange : elle seule faisait le chemin qui l’éloignait de son repos sans la rapprocher de Georges.

La mère la plus attentive n’eût pu s’émouvoir de sa contenance ; cet homme était parfait, éclatant et dur comme un diamant.

La jeune fille souhaitait ardemment que son buste fût manqué. Elle essayait de chercher querelle à l’artiste sur les moindres détails, afin de poser plus longtemps. Mais, comment accuser en présence d’une œuvre pareille ?… C’était mademoiselle de Luzac idéalisée, transfigurée, avec une expression de douceur et de joie qu’elle ne se connaissait pas !

Elle ne cherchait plus à intriguer Georges ; elle l’écoutait avec patience, lorsqu’il lui racontait ses espérances d’avenir, et l’approuvait