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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/225

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LES DEMI-SEXES

imaginer une telle transformation chez mademoiselle de Luzac.

Camille, maintenant, interrogeait le sculpteur sur ses préférences. Elle fut ravie lorsqu’elle l’entendit parler avec un profond mépris de quelques-uns de nos maîtres les plus vantés, mais elle fut surprise lorsqu’elle l’entendit exprimer son enthousiasme et son respect pour quelques autres.

C’était chez Georges une affaire de goût, une passion d’artiste. Il admirait franchement le talent, lorsqu’il le rencontrait, et se montrait sévère pour les charlatans de l’art qui battent la grosse caisse dans les journaux, et n’arrivent à la notoriété que par la réclame et l’intrigue.

Dans ces questions, il sortait de son indifférence et mettait, beaucoup de passion à défendre ses opinions.

Il semblait, pourtant, à Camille, que quelque chose manquait à cette puissante organisation : le cœur n’y battait pas… Peut-être dormait-il seulement, et, peut-être, allait-il s’éveiller au jour lumineux que verse dans la vie le regard d’une femme.

Elle examinait, attendait, recueillait toutes les paroles, toutes les pensées de l’artiste pour les emporter dans son silence ; et, là, de cette