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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/242

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LES DEMI-SEXES

retenues et des impudeurs. Parfois, en le bégaiement d’un spasme, son enfance remontait en elle et lui mettait, entre ses dents qui s’entre-choquaient, des paroles puériles ; puis, par la peur de quelque chose qu’elle enfermait au fond de son âme, elle enveloppait Georges de tout son corps, comme d’une protection affolée et délirante.

Au dehors, ils n’entendaient rien que le bruit de la petite pendule suspendue contre la cloison de bois. Et, ce minuscule battement troublait seul leurs indicibles étreintes, et l’immense repos des éléments leur donnait, par moments, lorsqu’ils se réveillaient de leur extase, poitrine contre poitrine, la surprenante sensation des solitudes illimitées où les murmures des mondes, étouffés à quelques mètres de leur surface, demeurent imperceptibles dans le silence universel. Il leur semblait que quelque chose de ce calme éternel de l’espace descendait et se répandait sur la mer immobile par cette tiède nuit d’été.

Et toujours des baisers, des baisers et encore des baisers !… Et jusqu’au jour durait la mêlée de ces deux corps fondus dans une longue caresse.

Georges apportait à sa femme une âme toute