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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/241

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LES DEMI-SEXES

spectacle de la gêne, de la confusion émue de Georges devant la cour que lui faisait cette femme si dédaigneuse peu de mois avant !… Il ne trouvait pas de mots pour répondre aux gentillesses, aux grâces enveloppantes de cette passion inespérée.

Le diner était fini. Camille s’agenouilla devant son mari, ramena sa bouche à ses lèvres et lui dit dans un baiser, dans un de ces baisers qu’elle n’avait eus ni pour Julien, ni pour Nina, ni pour personne : « Viens. »

Dans l’étroite cabine, en une seconde déshabillée, elle l’appelait de nouveau, fière de cette tendresse qu’elle pouvait avouer à la face de tous, fière de ces sensations exquises qu’elle éprouvait, enfin, banalement, comme la première amoureuse venue.

À quoi bon, alors, tant de dépravation et tant de honte pour en aboutir là ?…

La passion qu’elle avait en vain cherchée précédemment se dégageait de son corps vibrant, comme une électricité, une plénitude de plaisir allant jusqu’aux extrémités de l’organisme de l’homme serré en ses bras. Et, parmi les emportements sensuels de son ivresse, il y avait, tout à la fois, des câlineries ingénues de jeune fille et du libertinage de courtisane : des