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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/264

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LES DEMI-SEXES

madame Darvy souffre de l’excessive chaleur qu’il fait ici. Ce soleil de plomb, ces couleurs vives ne sont pas faites pour une Parisienne qui n’a guère connu que les brouillards printaniers du Bois de Boulogne et les tiédeurs capricieuses de Trouville ou d’Ostende.

— C’est vrai, dit Camille, je voudrais rentrer…

Le retour fut long et pénible. Aussitôt chez elle, elle s’étendit sur le lit et ferma les yeux, répondant à peine aux questions inquiètes de son mari.

— Veux-tu voir un médecin ?…

— Non, je t’en prie… le calme seul m’est nécessaire… Tu as eu tort d’inviter monsieur de Talberg.

— Pourquoi ?… Je le croyais de tes amis.

— Je ne veux voir personne… Je n’ai qu’un ami, c’est toi !

Il y avait un accent si vrai, une douleur si âpre, quelque chose de si étouffé et de si navré dans cette voix qu’il fut apitoyé.

— Qu’as-tu donc aujourd’hui ?… Tu sembles non seulement souffrante, mais attristée…

— Tu te trompes.

— Alors, pourquoi dis-tu que tu n’as pas