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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/268

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LES DEMI-SEXES

Comme il aurait été doux d’avoir un enfant de cet homme qu’elle adorait de toutes les forces de son être !… Froidement, inexorablement, elle s’était condamnée à la stérilité éternelle !… Par quel vertige de folie avait-elle donc commis ce crime ?… » Une voix lui murmurait qu’un enfant à aimer aurait été sa Providence ; que tout ce qu’elle redoutait encore d’elle-même serait allé sur cette tête pour s’y sanctifier. Il lui semblait sentir son cœur de mère apaiser et purifier son horrible passé. Elle voyait dans un enfant ce je ne sais quoi de céleste qui console et qui guérit ; un petit ange de délivrance sorti des fautes humaines pour les racheter et les effacer.

Quand elle commença à vaincre le premier anéantissement de son désespoir, quand, la perception de la vie lui revenant, elle regarda autour d’elle avec des yeux troubles encore, elle chercha Georges pour se jeter dans ses bras ; mais, fatigué de cette nuit d’insomnie, il se promenait dans le jardin.

Elle l’appela d’une voix câline.

— Pardon, mon aimé.

— Comment te trouves-tu, maintenant ?

— Bien mieux… Mais toi ?… Tu n’as pas dormi un instant…