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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/271

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LES DEMI-SEXES

Une voix parla près d’elle, et elle jeta un cri :

— Vous ! encore vous !…

— Il faut que vous m’écoutiez ; ce que j’ai à vous dire est grave, murmura Philippe.

— Je vous écoute… hâtez-vous.

— Je vous aime toujours, Camille, et je ne peux me résoudre à vous perdre. Il faut que vous m’apparteniez, comme par le passé.

Elle se redressa, farouche :

— Jamais !

— Il le faut… Songez que vous n’êtes pas libre… que votre passé…

— Ah ! toujours mon passé !… Je traînerai donc jusqu’à la mort cette honte après moi ?

— Oui, jusqu’à la mort… Rappelez-vous… Moi aussi, je vous ai offert mon nom ; moi aussi, je vous ai aimée craintivement et purement… Pourquoi m’avez-vous repoussé ?…

— Eh ! le sais-je ?… Je n’étais pas alors la femme que je suis aujourd’hui… On avait perverti ma pensée et souillé mon âme. N’ayant fait, par une sorte de fatalité que des connaissances dangereuses dans ce monde féminin et parisien où la plus incroyable dépravation se cache sous la correction des manières et de la vie apparente, je devais succomber. Ne sachant