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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/270

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LES DEMI-SEXES

est assez grand, crois-moi, pour emplir notre vie !

Tout à fait rassuré sur l’état de santé de Camille, il sortit un moment, après le déjeuner, désirant faire choix de quelque curiosité, de quelque bibelot original à rapporter à Paris.

La jeune femme, dans le jardin de la villa, respirait la brise parfumée. Les rives de Sicile exhalent une si puissante odeur d’orangers fleuris que le détroit, tout entier, en est imprégné comme une chambre d’amoureux.

Elle recevait ces sensations par toute la surface de sa chair, autant que par ses yeux, sa bouche, son odorat et ses oreilles. C’était chez elle une faculté rare et redoutable que cette excitabilité nerveuse de l’épiderme et de tous les organes qui lui faisait une émotion des impressions physiques, et qui, suivant les températures, les senteurs du sol et la couleur du jour, lui imposait des tristesses ou des joies.

À demi couchée sur une marche de marbre, elle écoutait une musique lointaine. Les sons affaiblis, mais clairs, d’une sonorité charmante, jetaient par la campagne endormie un murmure d’opéra.