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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/281

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LES DEMI-SEXES

ment. Et voilà que sans préparation, sans motifs, une femme s’est imposée à moi, malgré moi, malgré ma peur et ma connaissance de ses pareilles. Cette femme est une coquette, une vicieuse, une dangereuse créature que je ne saurais ni estimer, ni chérir ; et, pourtant, elle me tient par mille liens puissants que je ne peux dénouer. Je la hais, je la méprise et je la désire follement !…

— Moi, dit Julien, j’aime une adorable créature qui ne m’aime plus… Mais, j’ai, au moins, la consolation de la gratitude et du respect.

Philippe eut un sourire mauvais.

— Oui, vous m’avez déjà dit cela, et je n’ai pas voulu vous enlever vos illusions… Votre maîtresse ne vaut pas mieux que la mienne.

— Je n’ai rien à lui reprocher que son indifférence, je vous le jure !… N’a-t-elle pas agi loyalement en me prévenant qu’elle ne m’aimait plus ?… Et puis, il y avait une autre raison…

— Je sais… le mariage.

— Le mariage… oui. Vous voyez que je ne saurais lui en vouloir… Je suis malheureux, voilà tout.

— J’admire votre confiance, reprit Philippe amèrement. Moi, j’ai perdu la foi depuis long-