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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/282

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LES DEMI-SEXES

temps. Celle que j’ai possédée, après beaucoup d’autres, ne compte plus ses chutes. Que craint-elle, d’ailleurs ? n’a-t-elle pas visité la clinique du docteur Richard qui l’a préservée, à tout jamais, des risques de la maternité ?… Elle n’a plus de la femme que ce qui grise et affole, le charme pervers qui prend le mâle et le soumet en dépit de l’expérience et du mépris. Elle est tombée au-dessous de la honte, au dessous de la nature même. De chute en chute, elle a ramassé les amours qui se dissipent en une nuit, ce qui passe, ce qu’on rencontre, ce que le hasard d’une soirée ou d’un dîner fait trouver à la créature qui cherche… Elle a perverti des jeunes filles et a passé avec elles des moments indescriptibles. Elle n’a plus besoin de se donner le temps du désir ; son caprice est furieux, soudain, allumé sur l’instant. Affamée de la femme ou de l’homme, elle regarde à peine ses conquêtes et ne saurait les reconnaître. Ses yeux, dans tous les êtres, ne voient plus que la proie sensuelle ; l’individu lui est égal !… La dernière pudeur et le dernier sens humain de la débauche : la préférence, le choix, et, jusqu’à ce qui reste aux prostituées pour conscience, le dégoût, le dégoût même, elle l’a perdu !…