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LES DEMI-SEXES

L’amour n’a été pour elle que la satisfaction d’une malsaine curiosité, et elle n’a jamais apporté dans ses caprices que les froids instincts du mal qu’éveillent les mauvais livres, les confidences dangereuses, les premiers souffles d’impureté qui déflorent !… Ce que la femme met autour de l’homme qu’elle aime, ce dont elle le voile, le caresse : les mots aimants, les imaginations de tendresses, rien de tout cela n’existe pour elle… Encore une fois, l’amour n’est à ses yeux qu’une image obscène et défendue !… Elles sont ainsi toute une bande à Paris. On les rencontre voilées dans les mauvais lieux ; elles semblent jetées hors de leur sexe, ne craignent pas d’attaquer, de solliciter, d’abuser de l’ivresse, et c’est à elles que l’on cède !… Elles marchent, humant l’air, flairant autour d’elles, allant à ce qu’il y a d’embusqué et d’impur, sinistres, frémissantes ou affreusement gaies… Elles se glissent, rampent, rasant les ténèbres avec des physionomies de folles et de malades qui font travailler sur des abîmes de tristesse le cœur du penseur et la pensée du médecin.

— Oh ! fit Julien, ce n’est pas possible, on ne rencontre pas de ces malheureuses dans notre monde !…