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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/286

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LES DEMI-SEXES

conditions !… Que gagnaient deux hommes à risquer leur vie pour une drôlesse ?… » Et, son esprit, vagabondant dans le noir, raisonnait sur la pauvreté d’esprit des gens, la médiocrité de leurs idées et de leurs préoccupations, la niaiserie de leur morale.

Rentré chez lui, après avoir dîné sommairement dans un restaurant du boulevard, il s’était senti inquiet, mal à l’aise, une seule idée emplissant son esprit : « Un duel demain avec Julien, Julien qui ne m’a rien fait et qui aurait pu devenir mon ami ! »

Il s’était mis à réfléchir sur cet étrange événement qu’il n’avait pas cherché, qu’il n’avait pas prévu… Ses mains tremblaient un peu d’un frémissement nerveux quand elles touchaient les objets ; sa tête s’égarait ; ses pensées tournoyantes, hachées, devenaient fuyantes, douloureuses. Et, sans cesse, il se répétait : « Je ne veux pas tuer cet enfant ! »

Puis, distinctement, il avait vu Julien étendu sur le tapis de sa chambre ; il avait vu ce visage creux qu’ont les morts et cette blancheur des mains qui ne remueront plus.

D’un bond, Philippe s’était dressé et avait ouvert la fenêtre pour chasser l’affreuse vision. Il se figurait, maintenant, son attitude à lui et