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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/287

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LES DEMI-SEXES

la tenue de son adversaire ; il imaginait les moindres détails du combat, et se promettait de rester calme, de parer les attaques sans riposter, de faire à Julien une égratignure seulement ; mais l’horrible crainte revenait avec le remords de son inutile délation.

Il avait ouvert une armoire, saisi une bouteille d’eau-de-vie et s’était mis à boire à longues gorgées, avec avidité. Une chaleur pareille à une flamme lui avait bientôt brûlé l’estomac, s’était répandue dans ses membres, avait raffermi son âme douloureuse, et il était demeuré ainsi, jusqu’au matin, dans une vague somnolence. Puis, quand il avait entendu, dans le lointain, les locomotives jeter des appels aigus et répétés il avait commencé sa toilette lentement.

Deux heures après on frappait à sa porte, et ses témoins faisaient leur entrée. Dans la voiture, ils avaient trouvé le médecin qui dormait sur les coussins.

Un brouillard humide enveloppait les choses, donnait à tout une teinte uniforme et mélancolique. Les feuilles pourries adhéraient aux roues du landau, des éclaboussures de boue jaillissaient sur les vitres. Les allées du Bois étaient désertes à cette heure matinale. Ils