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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/289

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LES DEMI-SEXES

gner… Je suis heureux de mourir, car je sais, maintenant que vous avez dit vrai. L’indignité de cette femme est certaine, et je ne comprends plus mon aveuglement… C’est pour elle que je meurs… C’est elle qui me tue !

— Oh ! je regrette bien d’avoir parlé…

— Non, non, ne regrettez rien. Tôt ou tard, j’aurais appris la vérité, et vous n’avez fait qu’abréger mes souffrances… Donnez-moi la main.

Le comte prit la main que Julien n’avait plus la force de lui tendre. Le blessé essaya encore de parler, mais une convulsion lui coupa la voix. Il râlait maintenant et crachait du sang qui coulait du coin de ses lèvres à chacun de ses hoquets. Son cou, sa poitrine, ses vêtements semblaient avoir été baignés dans une cuve rouge. Il ferma les yeux, à bout de forces, haletant affreusement, et on entendit dans sa gorge, jusqu’au fond de ses poumons, un gargouillement sinistre.

Philippe se releva, et, jetant un dernier regard sur le corps maintenant immobile.

— Oh ! Camille, murmura-t-il, le crime que tu m’as fait commettre ne restera pas impuni !