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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/288

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LES DEMI-SEXES

avaient tourné à droite dans une avenue, puis encore à droite, s’étaient engagés dans un petit chemin que terminait une clairière.

L’autre voiture y stationnait déjà, et Julien, très calme, regardait venir son adversaire. Il le salua avec une courtoisie grave qui plut à Philippe. Après les préparatifs, le témoin prononça la phrase sacramentelle : « Allez, messieurs ! » Le premier engagement fut des plus vifs, et, cependant, ne donna pas de résultat, grâce au sang froid du comte ; mais les combattants se remirent en garde et Julien, bien tôt, roula sur l’herbe en poussant un faible cri. Le fer de Philippe avait pénétré dans le sein gauche et s’était frayé un chemin, tout droit, en plein poumon.

Comme on voulait relever le jeune homme.

— Ne me touchez pas, dit-il, je sens que le moindre mouvement hâterait ma mort… Éloignez-vous, je voudrais parler à M. de Talberg.

Ce dernier déjà s’était agenouillé dans l’herbe auprès du blessé, tandis que les témoins s’écartaient respectueusement.

— Je suis heureux de mourir, poursuivit Julien. Je me suis jeté sur votre épée, et vous avez fait, certes, tous vos efforts pour m’épar-