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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/291

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LES DEMI-SEXES

bles ; on promena, de main en main, les bocaux pleins de pièces à conviction, des pinces, des sondes, de longues aiguilles flexibles… On lut des lettres de remerciements, des demandes de rendez-vous, de promesses d’argent.

Une multitude de pécheresses défilaient chez Richard du matin au soir ; il les recevait sans distinction, donnait de longues consultations qui, toutes, concluaient à la nécessité d’une opération. Les détraquées qui venaient le voir, mêlaient la débauche à l’amour, le vice aux questions d’intérêt. Pourtant, l’importance de la somme à débourser ne les effrayait pas, tant elles avaient hâte de se délivrer de toute inquiétude, de toute gêne. Nina racolait les clientes, les amenait à son associé, avait sa part des bénéfices. De là l’origine de son luxe demeuré pour beaucoup inexplicable. Le médecin trouvait un immense avantage à employer une femme qui lui était entièrement dévouée et qui se montrait, en même temps, plus adroite et moins exigeante qu’un confrère. La science se mêlait à la dépravation, et toutes ces malheureuses étaient là le masque d’hypocrisie qu’elles mettaient dans le monde pour cacher leurs passions perverses. Pour les jeunes filles l’initiation était plus délicate ;