Aller au contenu

Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
292
LES DEMI-SEXES

Georges s’agitait, se montrait nerveux, impressionnable, d’humeur inégale. Parfois, il essayait d’arrêter la marche de ses suppositions, il cherchait, il trouvait, il savourait des réflexions justes et rassurantes ; mais, un germe de peur était en lui qu’il ne pouvait ni détruire, ni entraver dans sa croissance.

Camille, de son côté, soutirait davantage encore, parce que son amour était plus grand. Ce qui l’avait précisément charmée dans cette nature exceptionnellement enthousiaste et droite devait la perdre. Elle comprenait que Georges se détachait, et qu’une fois l’œuvre de séparation accomplie, rien au monde ne saurait lui rendre le cœur de son mari. Elle était l’idole qu’il ne faut pas toucher, celle qu’on ne peut accepter que pure de tout soupçon, impeccable et immaculée comme la beauté suprême. La chute serait d’autant plus rapide qu’elle tomberait de plus haut et rien ne resterait de sa puissance passée.

Elle luttait pour conserver sa gaieté, sa confiance apparente ; mais le fond de son cœur était plein de tristesse et d’épouvante, Certes, un jour viendrait où la dissimulation ne serait plus possible, où la vérité éclaterait, où toute l’infamie de son ancienne existence remonte-