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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/302

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LES DEMI-SEXES

rait à la surface de son existence nouvelle, comme la vase d’un étang remonte et trouble l’eau lorsqu’on y jette une pierre. Elle frissonnait à cette pensée, et des idées de suicide hantaient son cerveau.

Elle apportait à présent dans sa tendresse je ne sais quoi de fou, de délirant, de désespéré ; son amour appelait la douleur, la poussait jusqu’au déchirement. Dans le paroxysme d’excitation où elle se trouvait, sa tête, ses nerfs, son imagination ne cherchaient plus même l’oubli dans la possession, mais quelque chose de plus âpre, de plus poignant, et, tout bas, elle invoquait la mort, brûlait de l’étreindre dans l’agonie de ses transports.

Georges s’effrayait de cette exaltation, et, parfois, la repoussait.

— Où donc as-tu appris ces choses ?… demandait il.

— Tu ne m’aimes plus, répondait-elle tristement ; moi je t’aime toujours… Jadis, tu trouvais tout naturel ce qui te surprend aujourd’hui…

— Peut-être… je suis injuste, pardonne-moi.

Il tâchait de la consoler, mais elle voyait