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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/33

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LES DEMI-SEXES

les salons. Les visages prirent cette intensité de physionomie qui dénote un intérêt subitement excité. Fouettés les uns par les autres, tous ces esprits momentanément engourdis se dégelèrent et brillèrent de leur petit éclat propre. On ne discutait point les choses comme on les discute au sein des familles ; on ne s’indignait pas, on ne s’étonnait pas des faits ; on en cherchait plutôt les causes secrètes avec une curiosité bienveillante et une indifférence absolue pour le crime lui-même.

On tâchait de trouver l’origine de l’action, d’expliquer sa genèse, ses causes déterminantes. D’autres événements récents furent examinés avec le même scepticisme aimable et doucement ironique.

Julien regardait toujours Camille, sans oser lui adresser la parole. Son poignet fin, orné d’un cercle d’or où pendait un rubis comme une gouttelette de sang, le séduisait. Ne trouvant rien à lui dire, il lui tenait les plats, la servait dévotement. Ce jeune homme avait un cœur neuf avec une âme fraîche. Comme tous les grands enfants, il aspirait secrètement à de belles amours ardentes et tendres. Il avait rencontré, parmi les garçons de son âge, une sorte de fanfarons qui allaient tête levée, di-