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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/34

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LES DEMI-SEXES

sant des riens, s’asseyant sans trembler près des femmes qui leur semblaient les plus imposantes, débitant des impertinences en mâchonnant le bout de leur canne, et se prostituant à eux-mêmes les plus jolies maîtresses. Ils prétendaient avoir mis leur tête sur tous les oreillers, avoir refusé bien des faveurs, et considéraient les plus hautaines comme de prise facile.

Cependant, la conquête du pouvoir et de la renommée semblaient à Julien un triomphe plus aisé à obtenir qu’un succès de cœur. Il trouvait dans les troubles de sa timidité, dans ses sentiments et dans ses cultes irrésistibles, un désaccord complet avec les maximes du monde. Sa hardiesse était dans ses désirs et non dans ses actes. Malheureusement, beaucoup de femmes, qui ne savent pas deviner les muettes adorations des délicats, appartiennent à des sots qui les méprisent.

Combien de fois, muet et immobile, le jeune homme n’avait-il pas admiré l’idéal de son rêve surgissant dans une fête ? Dévouant alors, en pensée, son existence à des tendresses éternelles, il exprimait toutes ses espérances en un regard, et lui offrait, dans son extase, une idolâtrie naïve qui courait déjà au-devant des dé-