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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/43

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LES DEMI-SEXES

Saurel qui l’examinait en souriant. Nina racontait une histoire quelconque que Michel Gréville semblait écouter avec une prodigieuse attention. En réalité, il digérait. Elle avait la parole facile et banale, du charme dans la voix, beaucoup de grâce dans le regard et une séduction irrésistible, dans le port de tête. Julien et mademoiselle de Luzac causèrent, à leur tour, de choses indifférentes, comme s’ils se connaissaient à peine : de Paris, des bords de la Seine, des villes d’eaux, des plaisirs de l’été et de bien d’autres sujet courants sur lesquels on peut discourir indéfiniment sans se fatiguer l’esprit. Nina débita des anecdotes avec un entrain communicatif de femme qui sait plaire et veut toujours intéresser. Plus familière, elle posait la main sur le bras du jeune homme, baissait le ton pour dire des riens qui prenaient ainsi un caractère d’intimité. Il s’exaltait à frôler mademoiselle de Luzac qui daignait de nouveau s’occuper de lui. Il aurait désiré accomplir des prouesses chevaleresques, se dévouer, avoir à la défendre pour lui prouver sa reconnaissance. Mais, Talberg s’approcha, et, par discrétion, il lui céda la place. De nouveau, alors, il se sentit triste, mal à l’aise, obsédé par l’obscure sensation d’un chagrin